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Définir les humanités numériques c’est avant tout s’interroger sur les nouvelles modalités de production et de diffusion des savoirs dans un monde en pleine mutation. Il s’agit bien ici de savoirs au sens générique couvrant l’ensemble des champs scientifiques, littéraires et artistiques. Ainsi les humanités numériques pourraient être définies comme une « transdiscipline » qui s’appuierait sur l’ensemble des paradigmes, savoir-faire et connaissances propres à chaque discipline. Elles inviteraient ainsi à définir un ensemble de méthodes, d’outils et concepts communs à toutes les disciplines.
Cette définition issue du manifeste de 2010* amène inévitablement à reconsidérer la place de cette transdiscipline au sein de l’école et donc à redéfinir le rôle et la place de chacun des acteurs de la communauté scolaire.
L’impulsion donnée par l’institution au travers des domaines 2 et 3 du socle commun de CCC et plus récemment des nouveaux programmes de lycées suffit-elle à changer les pratiques des uns et des autres ? Certes les élèves vivent ce « tsunami numérique »** dans leur quotidien mais trop souvent en marge de la classe ; certes les enseignants et les parents sont devenus des utilisateurs polymorphes du numérique (réseaux sociaux, formation à distances, utilisation de plateforme professionnelle communautaire), mais cela suffit-il à changer la place du numérique dans les apprentissages transversaux ?
Le GREID des Humanités numériques s’inscrit dans cette volonté d’organiser sa pensée autour d’une compétence collective et de former ainsi une communauté de pensée. Il s’inscrit dans une logique de recherche-action qui consiste à viser, au travers d’un objet commun, le scénario pédagogique enrichi, des compétences transversales qui donnent au numérique une dimension supra-disciplinaire. Il s’agit alors de dépasser la simple utilisation d’outils pour permettre à nos élèves de s’approprier et construire ces savoirs supra disciplinaires : Apprendre à faire sienne l’information disponible pour construire des savoirs et des compétences solides (trouver, évaluer les données, les trier intelligemment, leur donner du sens par des mises en relation et des décontextualisations, mémoriser durablement ce qui doit l’être). Apprendre à apprendre (outre l’aspect informationnel : le traitement de l’erreur, les procédures de raisonnement, d’automatisation, de contrôle…) Renforcer sa pensée abductive (sérendipité) dans les phases de prospection, et sa pensée inductive (plus linéaire) dans les phases de restitution. Développer une pensée divergente tout en apprenant à collaborer (co-produire, co-évaluer, co-organiser, etc..). Apprendre à publier de manière raisonnée. Apprendre à gérer sa vie numérique dans une perspective citoyenne (identité numérique mais aussi solidarité, partage, respect des autres).
Le GREID HN propose un cadre, une démarche qui s’articule, au sein de chaque scénario pédagogique, autour de 3 filtres : l’ancrage programmes, l’étayage scientifique et le positionnement du scénario. Ce cadre n’est aucunement modélisant. Il doit permettre aux enseignants, quel que soit leur niveau d’expertise dans le domaine du numérique, de partir d’un exemple pour le faire évoluer en fonction de leur propre contexte humain et environnemental.
P.Dumont.
IA-IPR et pilote du GREID des Humanités Numériques.
* « Le manifeste de 2010 et les enjeux transdiciplinaires à l’école »
** « le tsunami numérique. Emmanuel DavidenKoff 2014 »
